Génèse d’un boubou
Samedi 26 novembre, il est autour de 19h30 lorsque l’équipe de la pré-nationale masculine du PUC81 entre dans le gymnase de Puylaurens. Le minibus s’est frayé un chemin à travers la campagne tarnaise faute d’avoir pu trouver l’autoroute pour Puylaurens – qui aurait certainement fait gagner à l’équipe un temps précieux.
A l’arrivée, le ton est tout de suite donné, le public est présent en nombre, l’atmosphère est surchauffée pour le match des filles en cours les opposant à l’équipe locale. Ce chaudron retentit à chaque impact de balle sur le sol, résonnant sur la lourde dalle de béton.
A la suite d’un match disputé, les filles finissent malheureusement par concéder la victoire 3-1, sans démériter. La chauffe commence alors pour nous, et comme annoncé par la coach, le pointu adverse est aussi efficace que chauve. Le regard sévère et un peu hautain il plante de sacrées chiches. Mais le reste de la cohorte adverse n’a pas vraiment de quoi inquiéter les vaillants Pucistes.
Afin de rester un peu dans le bain du match précédent face à Castres, l’équipe décide stratégiquement de laisser complètement passer le premier set. De furieuses ressemblances sont établies entre ce début de match et celui la semaine dernière : un score final à défriser Gérald, une brochette de têtes de lard qui ne communiquent pas et garde les yeux fixés au sol, et un bloc adverse compact et rugueux. Une enquête pour corruption est par ailleurs ouverte, pour savoir si Vincent alias Airbus n’aurait pas reçu en début de match un chèque de la part de l’équipe adverse pour laisser le passeur de l’Autan (dont c’était les 18 ans), du haut de son 1m48 mettre à notre attaquant une équerre monumentale au bloc. Affaire à suivre… Bref, l’arbitre siffle la fin du set, sur le piteux score de 25-17.
Mais c’est sans compter le coup de gueule de notre capitaine Dimitri à la pause et l’incroyable charge donnée par notre passeur Matthias au service. Aussi menons-nous sèchement 9-0 après quelque minutes d’une Blitzkrieg volleyistique. L’Autan réorganise ses troupes mais le coup est trop dur. Le collectif Puciste est soudé, et chacun apporte ses petits exploits individuels. C’est alors que, au plus épais du combat, Vincent alias Tim alias moi, a l’occasion de crucifier l’équipe adverse sur un retour direct, une balle haute revenant dans notre terrain tout proche du filet – un caviar. Caviar qui se transformera en horrible salami, un pur gâchis, une petite balle frappée fébrilement qui remet l’Autan dans le point. Tous les regards semblent à cet instant sceller un accord tacite : le boubou du match est né.
Nous finissons par remporter le set brillamment, le match est relancé. Et déjà on commence à bien comprendre que l’arbitrage est pour le moins frelaté, quelques décisions arbitrales qui puent le maillot mouillé oublié pendant une semaine. Une superbe bagarre s’engage entre les deux équipes, et à nouveau chacun apporte de l’eau au moulin : Airbus se tortille du mieux qu’il peut en l’air pour planter des grosses mines, imité par Matthieu et Dimitri, ce dernier jouant plusieurs fois un rôle crucial en relai passe. Notre passeur joue au psychologue, redonnant volontiers la balle aux attaquants pris par le doute pour leur remonter le moral ; les centraux feront tous leurs efforts pour resserrer le bloc (photo à l’appui) et ne pas trop agresser le filet (Godard ne sera sifflé que 3 fois quasiment coup sur coup) tout en restant efficace à l’attaque.
Les choix tactiques de la coach seront, comme à l’habitude un bol d’air apporté à l’équipe, avec des entrées remarquées de Clément au service et de Maxime dont la fugace et brillante prestation lui vaudra le totem. Clément quant à lui sera le premier joueur de l’histoire à se faire sortir alors qu’il est déjà sur le banc, Laetitia lui ayant donné la pancarte du n°10 : son propre numéro.
Au fil de mon écriture, je me sentais honteux de ne plus me souvenir très clairement de la prestation de notre libéro Quentin. Je me suis donc plongé dans le sac de maillots encore sales, refroidis et rances pour me saisir du n°13 et le respirer à plein poumons. C’est alors qu’ont tout de suite ressurgi le combat en défense sur chaque point, la présence sur tous les fronts ; j’ai aussi senti la frustration de quelques zips rapidement consolés par des tapes fraternelles sur les fesses dans le dos. Oui un maillot qui sentait la grogne, la rage, la combativité !
Malgré cet investissement collectif et individuel, teinté de maladresses, nous perdrons les sets suivants, pour finalement nous incliner 3-1. L’arbitrage parfois douteux n’aura pas vraiment eu d’impact sur le cours du match. Nous avons commencé par nous faire voler quelques points avant de copieusement se venger avec notamment 2 arrachages de filets de la compagnie Boyer & Boyer qui ne seront pas sifflés (et feront même le point).
Ce fut pourtant, je trouve, un des matchs les plus intéressants. On a su garder la tête haute globalement, on a mieux communiqué, on s’est fait davantage plaisir, même si parfois on a recommencé à craquer. Assis sur le banc ou satellisés en haut de la mire, on a formé groupe sympathique à regarder. Nous devons ici saluer le public ayant fait le déplacement pour nous soutenir, emmené par Théo qui ce soir-là avait troqué son service civique pour un service militaire, menant tambour battant les chants du Puc81.
Nous rentrerons tranquillement après un pot convivial servi par l’équipe locale ; et sur le retour non plus, malgré de nombreux tours de ronds-points, nous ne trouverons pas l’autoroute pour Puylaurens..